Résumé:
La pluriactivité est un phénomène très ancien dans les sociétés agricoles et rurales. Ce phénomène touche l’ensemble des agriculteurs dans les pays développés et en voie de développement, en particulier dans les pays Méditerranéens, où il est considéré comme un élément structurel de leur agriculture. Les agriculteurs ont connu beaucoup de difficultés à travers l’histoire et la pluriactivité a été un des moyens efficaces pour contrer ces difficultés.
Par conséquent, la pluriactivité est devenue un phénomène très important dans les pays développés autant plus pour les agriculteurs, que pour les décideurs politiques et les chercheurs. Contrairement aux pays développés, ce phénomène est très peu connu dans les pays en voie de développement, et particulièrement en Algérie.
L’agriculteur Algérien a dû faire face à beaucoup de crises économiques, climatiques et structurelles ce qui aurait pu les pousser vers la pluriactivité. Ces difficultés étant différentes par rapport aux autres pays, ceci nous a mené à poser les deux questions suivantes : (i) Est ce que la pratique de la pluriactivité en Algérie est similaire à d’autre pays ? (ii) Est ce que les politiques agricoles en Algérie ont efficacement remédié aux problèmes des agriculteurs Algériens ?
Ce travail a deux objectifs. Le premier objectif est d’expliquer le niveau de la pluriactivité en Algérie, les motifs qui poussent les agriculteurs à être pluriactifs, et les facteurs de causalité liés à la pluriactivité. Concernant ce premier objectif nous proposons dix hypothèses principales liées à : la position géographique ; la taille du ménage ; le revenu agricole ; l’équipement agricole ; la compétence de l’agriculteur, l’âge, l’expérience, et la situation financière de l’exploitant ; et enfin l’élevage. Pour répondre à nos questions de recherche, nous nous sommes basés sur des données collectées grâce à trois enquêtes réalisées dans trois différentes wilayas du pays. En se basant sur une épistémologie positiviste, une ontologie réaliste et une approche hypothético-déductive, nous avons utilisé trois modèles de probabilité pour expliquer la pluriactivité simple, l’intensité de la pluriactivité, et le choix du type de travail non agricole.
Nous avons tiré plusieurs résultats de nos analyses. En premier lieu, nous avons constaté que la pluriactivité est influencée par la présence des équipements au niveau des exploitations et les compétences techniques des exploitants et par la superficie des terres irriguées. L’âge de l’exploitant est particulièrement intéressant, car nos résultats indiquent qu’il a un effet positif sur la probabilité de la pratique de la pluriactivité jusqu’à l’âge de 40 ans. Cet effet devient négatif pour les âges les plus avancés. Nous avons donc rejeté la majorité de nos hypothèses ; ce qui signifie que la pluriactivité en Algérie est causée par des facteurs différents que ceux connus dans d’autre pays développés et en voie de développement.
Notre deuxième objectif, est de discuter le PNDAR, qui est venu relancer le secteur agricole après une période de désinvestissement, via un ensemble de programmes, complété par la suite par d’autres politiques, comme la Politique de Renouveau Rural et la Politique de Renouveau de l’Economie Agricole et Rural. Ces derniers ont beaucoup apporté au secteur agricole et aux agriculteurs mais restent insuffisants sur le terrain.