Résumé:
La disponibilité des rebuts de datte renouvelable annuellement en Algérie, représente 165000 tonnes (150 millions d’unités fourragères). Ce produit riche en sucre, associé avec de l’urée dans un bloc à lécher nous apparaissait intéressant pour améliorer le bilan fourrager du pays dont le déficit est de 4 milliards d’unités fourragères. Les ingrédients composants les blocs multinutritionnels (BMN) sont : des rebuts de datte (RD), du son de blé (S) de l’urée (U) d’un condiment minéral (CMV) du sel de cuisine (SC), du ciment servant de liant (CL) et de 30 litres d’eau par 100kg de mélange sec. La presque totalité du travail a été réalisée avec trois types des blocs fabriqués manuellement : BMN1 (65% de RD et 0% de S) ; BMN2 (50% de RD et 15% de S) et BMN3 (35% de RD et 30% de S). Les autres ingrédients : CL (15%) ; U (10%) ; CMV (8%) et SC (2%) sont à dose fixe pour les trois types de bloc. D’un poids de 3-4kg, nous avons étudié principalement, leurs caractéristiques physiques : leur Matière sèche (MS) à l’air libre et en étuve ventilée, leur dureté (D) et leur homogénéité, à l’aide d’un texturomètre. Leur composition chimique : matières azotées (MA), matière organique (MO), matières minérales (MM) et la teneur en composés pariétaux (NDF). Leur ingestibilité par le mouton en MS (MSI bloc), celle de paille en sa présence (MSI paille) et celle de la ration totale (MSIt). Leur digestibilité : matière organique (dMO), matières azotées (dMA). Leur valeur nutritionnelle en énergie : UF lait et UF viande (UFL, UFV) et en protéines digestibles dans l’intestin (PDIMN). Les études sur animaux sont faites sur des lots de 4 à 6 moutons.
Par ailleurs, un plan d’expérience (PE) à trois facteurs et 9 essais a été établi et résolu pour rechercher les effets des facteurs (RD ; S et CL principalement) sur la dureté des blocs.
Il ressort que, pour BMN1 ; BMN2 et BMN3, la MS est comparable, elle passe de 65% à la fabrication à 78% après étuvage à 45°C pendant 7 jours ou pendant 10 jours à l’air libre à 28°C environ. La D plus discriminante est de 16 ; 21 et 18 Newton/mm (N/mm), elle est plus faible pour le bloc riche en RD. La teneur en MS à l’air libre augmente rapidement les 6 premiers jours tout comme la D (respectivement 76% et 68% des valeurs de D à 10 jours). Ce résultat est néanmoins classique. La diffusivité de l’eau diminue avec le temps de séchage. Une très forte liaison (R2= 0.99) est notée entre MS et D : Dbloc (N/mm) = 235,71*MS – 163,97 qui pourrait servir à la prédiction de D. La cartographie d’homogénéité des blocs est caractérisée par une proportion de fines particules plus importantes en profondeur qu’en surface et un gradient de dureté allant de la surface à l’intérieur du bloc. La composition chimique : MS (78%) ; MO (64%) ; MM (34%) et MAT (32%) est comparable mais logique compte tenu de la fixité du CL, de l’U, du CMV et du SC dans la formulation. Seule la teneur en NDF varie (respectivement : 17 ; 24 et 28% de la MS) en fonction de la dose de S (0 ; 15 et 30%), assez pourvu en NDF.
Exprimées par kg p0.75, la MSI bloc est élevée, elle s’établit à 21 ; 23 et 28g par jour (soit en poids vif : 424 ; 495 et 589g) : BMN3 > BMN2 et BMN1 (p<0,001). Pour la MSIp : 68 ; 52 et 52 BMN1 > BMN2 et BMN 3 (p<0,001). Il en résulte pour MSIt, une ingestion de 88 ; 80 et 75g/kgP0, 75 : BMN1 > BMN2 et BMN 3 (p<0,001).
La digestibilité et la valeur nutritionnelle ont été étudiées seulement pour le BMN1 (65% de RD). La dMO, la dMAT, les UFL, UFV et la valeur PDIMN se sont établies respectivement à 77% ; 83% ; 0.77 ; 0.79 et 175g/kg de MS.
Consommée pendant deux mois en complément d’une paille de blé de bonne qualité, la croissance de moutons obtenue avec BMN1 a été de 160g par jour contre 100g, pour une complémentation réalisée avec 300g de concentré commercial.
La résolution du plan d’expérience a montré que les RD seuls et ses interactions avec le CL, diminuent la dureté du bloc. Par contre, le son de blé l’augmente comme le montre le modèle de dureté de blocs en surface, après 8 jours de séchage : D (N/mm) = -147,61 RD +2355,48 S – 650,45 CL -2805,67 RD*S +3532,53 RD*CL – 8096,53 S*CL ; p = 0,04 et R²=0,93.
Notre objectif de 400g de consommation de bloc par les animaux a été dépassé. Néanmoins, une trop forte consommation n’est pas recommandée. Outre la palabilité des blocs et leur teneur en énergie, c’est le niveau de dureté qui contrôle leur consommation. Un niveau de dureté de l’ordre de 25 N/mm nous semble indiqué. Le maximum atteint dans ce travail est de 22 N/mm.
Néanmoins, dès maintenant, des blocs à base de rebuts de datte peuvent être fabriqués manuellement et mis à la disposition de l’élevage. Ils pourraient s’adapter facilement au rationnement d’animaux à état physiologique différent : brebis en gestation, croissance modérée (agnelles), animaux à l’entretien et animaux à l’engrais avec quelques adaptations (apport d’une source de protéines de bonne qualité).