Ecophysiologie du Hérisson d’Algérie Atelerix algirus Lereboullet, 1842 (Mammalia, Insectivora) dans quelques stations du Djurdjura et dans la vallée de la Soummam

Abstract

Le Hérisson d’Algérie est un petit mammifère dont la biologie est très peu connue. L’étude de la mortalité routière de cet animal le long de la vallée de la Soummam (Béjaia-Bouira) a permis de montrer la dynamique de la population au cours des saisons et d’en préciser les variations en fonction du sexe et de l’âge. Les hérissons sont trouvés près des petits villages et dans des biotopes dont la couverture végétale importante (haies, talus herbeux, prairies, etc.) favorise une forte disponibilité alimentaire. Les hérissons victimes du trafic routier montrent une variation saisonnière marquée avec un maximum au printemps (mai) et un minimum en hiver (décembre à mars). En mai, la forte mortalité des mâles correspond à une activité locomotrice élevée caractéristique de la période de rut. L’apparition des jeunes à partir du début de l’été (juillet) permet de situer les mises bas à la fin du printemps (juin). Au début de l’automne, la disparition progressive des animaux (les adultes puis les jeunes) jusqu’au début du printemps montre l’existence d’une période de vie ralentie (en automne et en hiver) qui succède à la période de vie active (printemps et été). L’étude du régime alimentaire par l’analyse des fèces a confirmé la prédominance chez le Hérisson d’Algérie d’un régime insectivore. Si les Hyménoptères constituent les proies dominantes pendant toute l’année, il est à noter qu’en automne une inflexion s’effectue en faveur des Lépidoptères (larves) et des Annélides. L’étude préliminaire de l’apport énergétique des principales proies du Hérisson montre que les contenus énergétiques sont très proches (et varient en relation avec la masse des proies) ce qui ne permet pas actuellement de corréler les choix alimentaires saisonniers avec les variations de paramètres physiologiques ou comportementaux (reproduction, masse corporelle, torpeur, etc.). Au cours des différentes saisons de l’année, les variations de la température corporelle (Tc) du Hérisson et de la température ambiante (Ta) ont été enregistrées à l’aide de "iButtons". Au cours de l’automne et de l’hiver, l’alternance des phases de torpeur (Tc < 33 °C) et des phases d’euthermie est très marquée avec : de novembre à début décembre, des torpeurs journalières (courte durée [< 12 h], amplitude faible [Tcmin. 17-29 °C]), puis de mi-décembre à début mars de longues phases de torpeur (durée : 2 à 7 jours, grande amplitude [Tcmin 9,7-13 °C proches des Tamin]) et, fin mars, des torpeurs journalières comparables à celles observées en novembre. Cette étude a montré clairement que le Hérisson d’Algérie présente toutes les caractéristiques d’un véritable hibernant avec ses variations individuelles et, une tendance à une meilleure qualité de l’hibernation chez les femelles et les jeunes sub-adultes que chez les mâles. Au printemps et au cours de l’été (fortes variations nycthémérales de la Ta) de nombreuses torpeurs journalières d’amplitudes variables ont été enregistrées. Chez le Hérisson d’Algérie, la thermorégulation observée tout au long de l’année montre donc une forte tendance à l’hétérothermie et offre la possibilité à cet animal de pouvoir s’adapter en permanence aux variations fluctuantes et rapides de son environnement subtropical.