Résumé:
Etude sur les populations d’olivier de Laperrine (Olea europaea subsp. laperrinei Batt. & Trab.)
du Sahara central algérien (Hoggar et Tassili) : Aspects biologiques et caractérisation moléculaire
L’olivier de Laperrine (Olea europaea subsp. laperrinei) est une Oleaceae endémique des
régions montagneuses du Sahara Central vivant en altitude (1400-2800 m) où les précipitations
annuelles moyennes sont de 50 à 100 mm. En Algérie, elle est présente dans les massifs du
Hoggar, du Mouyedir, du Tefedest et du Tassili n’Ajjer. Les populations de ce taxon relique sont
en régression depuis les changements climatiques du Pléistocène. De plus, cette sous-espèce n’a
montré aucune trace récente de régénération naturelle, et de ce fait, elle est menacée localement de
disparition, ce qui justifie qu’elle doit bénéficier d’urgence d’un programme de préservation. Des
études sur plusieurs aspects biologiques (biogéographie, écologie, caractères botaniques, histoanatomie,
germination et caractérisation moléculaire par des microsatellites) ont été effectuées
sur un nombre d’échantillons relativement exhaustif et couvrant une grande région de notre
Sahara central (Hoggar et Tassili) pour mieux connaître ce taxon en vue de le multiplier à
grande échelle. Nos résultats confirment que les oliviers du Sud et du Nord de l’Algérie sont
phénotypiquement et génétiquement différenciés, bien qu’ils soient probablement sexuellement
compatibles. Sur la base de ces résultats, l’olivier de Laperrine doit être considéré comme une sous
espèce du complexe O. europaea. Les effectifs de ce taxon dans le sud algérien dépassent quelques
centaines de pieds, voire quelques milliers. Grâce à son mode de reproduction asexuée actuel
(croissance clonale), ce taxon appartenant à de petites populations, peut maintenir une relativement
grande diversité génétique depuis des millénaires et lui évitant une érosion génétique qui aurait
eu lieu lors des générations de reproduction sexuée. Devant l’extrême sécheresse prolongée de
l’environnement local et le broutement par les animaux, l’olivier de Laperrineadopte une autre
stratégie de survie en se rabougrissant sous forme de buissons. Les essais de multiplication par
semis donnent des résultats satisfaisants. Cependant, il est encore nécessaire de déterminer si ce
mode de multiplication favorise une régression de la diversité génétique due au faible nombre
d’individus capables de se reproduire dans les populations. Le bouturage pourrait donc être un
moyen alternatif de multiplier le taxon à grande échelle, car de plus, il préserve les qualités
génétiques d’adaptation au milieu local.Il est donc possible de réhabiliter l’olivier de Laperrine
dans son milieu naturel en le multipliant à grande échelle. Pour cela, il sera nécessaire d’établir des
programmes de sauvegarde soutenus par suffisamment de moyens matériels (pépinières, vergers
de culture et de comportement…).