Résumé:
L’élevage ovin a toujours été la profession et la source de revenu des pasteurs. En
effet, à l’époque de la période coloniale, les parcours de l’ouest algérien constituaient le
foyer d’exportation du « mouton de l’armoise » ou « mouton oranais » sur les marchés
européens et grand fournisseur d’ovins aux souks locaux et nationaux. Suite à la forte
pression sur les ressources naturelles et le développement des échanges avec les grandes
zones d’agriculture, les systèmes d’élevage des hauts plateaux du Sersou ont connu
d’importants changements caractérisés par l’intensification de l’alimentation des animaux,
notamment le recours à l’engraissement, pour diminuer la dépendance vis-à-vis d’un milieu
très fluctuant.
A la lumière de notre travail d’enquête qui s’est étalé sur trois campagnes, de
pluviométrie différente, il ressort que pour la compétitivité hors prix, les engagements entre
les différents opérateurs de la filière ovine se font dans le cadre de transactions collectives ou
bilatérales. En mobilisant la théorie d’E Ostrom, la théorie de l’agence et la théorie des coûts
de transaction, nous montrons que la gestion des biens communs se fait à travers
l’organisation de la communauté et que les relations contractuelles sont déterminantes dans
les stratégies de production et de commercialisation des ovins. Pour ce qui est de la
compétitivité prix, les coûts de production sont constitués essentiellement des coûts de
l’alimentation et de la main d’oeuvre, ce qui rend la rentabilité économique aléatoire pendant
les années de sécheresse, surtout pour les exploitations de petite taille et à mobilité limitée.
Face au Royaume uni et l’Irlande, premiers fournisseurs de l’union européenne, le marché
français, en particulier et le marché européen en générale devinrent une cible impossible à
atteindre, devant le poids du prix élevé du Kg de viande ovine algérienne et devant les
mesures sanitaires exigées par ces pays.
Le futur de la filière ovine algérienne doit être traité à la lumière des exigences des
performances technico économiques, de l’entretien d’un écosystème fragile et du model de
consommation actuel. Il apparaît dans cette analyse que le futur de la production ovine
s’avère difficile lorsqu’on prend en considération l’ouverture de notre marché. Aussi, des
actions en matière de politique de l’Etat et d’organisation des producteurs s’avèrent plus que
nécessaires afin d’assurer la mise à niveau de la filière avant de penser à sa compétitivité sur
le marché européen.