Résumé:
Les systèmes agraires des régions steppiques, basés sur l’exploitation des ressources pastorales par
un troupeau d’ovins mêlés aux caprins et aux camelins, ont connu de profonds changements en relation
notamment avec la pauvreté du tapis végétal, l’accroissement des effectifs, la croissance démographique, les
transformations socioéconomiques et le changement du statut foncier. L’ensemble de ces facteurs ont
conduit à l’introduction de l’élevage hors sol, indépendant de l’offre des parcours et notamment l’aviculture
qui a connu un fort essor depuis les années 2000 dans la région de M’sila.
Les objectifs de cette étude consistent à évaluer d’une part, les performances zootechniques et économiques
des différentes exploitations avicoles (chair, ponte, dinde,…) et, d’autre part, la durabilité économique,
écologique et sociale de ces dernières. L’étude a été conduite sous forme d’enquêtes segmentées en trois
périodes distinctes (2010-2011, 2011-2012 et 2014-2015).
Les résultats de l’analyse des données des performances zootechniques prélevées au niveau de 42
exploitations avicoles (toutes filières confondues) révèlent un gaspillage d’intrants, de fortes mortalités (12,9
% en moyenne) et des indices de conversion alimentaire nettement élevés par rapport aux normes
recommandées (2,63, 3,27, 153g d’aliment/oeuf et 191g d’aliment/OAC pour respectivement le poulet, la
dinde, la poule pondeuse et les reproducteurs).
Les résultats relatifs aux performances économiques relevées auprès de 88 exploitations de poulets
de chair de 6 subdivisions agricoles de la wilaya montrent des indices de performances (IP) faiblement
acceptables (157,9 en moyenne contre 281,4 en France) et une perte de productivité (44,5 kg de
poulet/m²/an) en relation avec la faible utilisation des capacités de production et le manque de savoir-faire
des éleveurs. Ces derniers augmentent le coût de revient du kilogramme du poulet vif (1,236 €/kg PV contre
1,024 € et 0,980 € / kg PV respectivement pour la Tunisie et la France).
L’évaluation de la durabilitémontre que la quasi-totalité des exploitations ont de bonnes pratiques
dans la sensibilité aux aides et l’autonomie financière ; les capitaux investis dégagent une bonne capacité
d’autofinancement. Toutefois, les critères « efficience du processus productif » et « taux de spécialisation
économique » sont mal représentés et les exploitations sont plus fragiles face aux contraintes
économiques.La durabilité sociale constitue le facteur limitant pour la plupart des exploitations (50,67
points) puisque les éleveurs n’accordent pas une grande importance à la qualité de vie, aux conditions du
travail, à l’élaboration des produits de qualité différenciée et au renforcement du lien avec le consommateur
à travers la valorisation par filières courtes. Sur le plan écologique, les déjections avicoles sont bien
appréciées par les agriculteurs et participent à l’amélioration du revenu de l’éleveur. Mais les exploitants ne
participent pas fortement à la protection de l’environnement parce qu’ils ne gèrent pas bien le devenir des
déchets (dose d’épandage des déjections supérieure à la norme et des cadavres dans les périphéries).