Résumé:
En Algérie, le développement du monde rural constitue, actuellement, l’une des priorités des
pouvoirs publics, au très haut niveau. Ce regain d’intérêt remarquable, manifesté par ces
derniers à l’égard des zones rurales, après une longue marginalisation, s’est traduit en réalité
par l’amorce, dés la fin de l’année 2002, d’une politique de développement rural, très
ambitieuse. Elle vise, principalement, la revitalisation des espaces ruraux et l’amélioration
durable des conditions de vie des populations rurales.
Cette nouvelle politique de développement rural adopte une vision rénovée de la notion du
développement rural en Algérie, comme elle s’appuie sur des approches de développement
conceptuelles et des outils d’intervention innovants et largement soutenus à l’échelle
internationale. Il s’agit d’un changement radical de la conceptualisation et de
l’instrumentalisation du développement rural, qui rompt absolument avec les visions
antérieures de développement rural (descendantes, sectorielles et implicites).
Dans le but d’accompagner scientifiquement les grands efforts de développement engagés
actuellement en faveur du monde rural algérien, et afin de renforcer les bonnes pratiques
d’évaluation de toute intervention de développement, en termes de pertinence et d’efficacité
de son processus de mise en oeuvre, ainsi que de l’impact engendré et sa capacité à résoudre
les problèmes de développement d’un espace rural donné, nous avons ciblé, par ce travail,
l’étude du dispositif des Projets de Proximité de Développement Rural (PPDR). Dispositif qui
constitue le cadre et l’outil privilégiés d’intervention de ladite politique en milieu rural. Ce
travail tente, en effet, de savoir dans quelle mesure le dispositif des PPDR peut concrétiser les
objectifs de cette politique de développement rural et qu’elle est sa portée et ses limites pour
rendre opérationnels les principes qu’elle énonce (la participation des populations locales,
l’intégration multisectorielle, la décentralisation et le développement local, etc.).
En adoptant une démarche méthodologique qui fédère plusieurs niveaux d’investigation et
d’analyse et qui s’appuie sur des études empiriques et participatives, nous avons constaté que
malgré le caractère très cohérent et structuré de cette politique de développement rural au plan
conceptuel et théorique, matérialisée principalement par la démarche des PPDR, son
implémentation effective se heurte à de multiples obstacles et difficultés, qui inhibent
l’atteinte intégrale de ses objectifs et la concrétisation de certains de ses principes très
ambitieux : la participation, l’intégration intersectorielle, le développement territorial, le
développement local, etc. Comme nous avons, également, constaté que les freins limitant la
bonne application de la démarche des PPDR en milieu rural, ajoutés à d’autres limites
relatives au caractère ponctuel des PPDR, à l’insuffisance du temps arrêté pour leur
concrétisation, au manque des études socioéconomiques préalables sur la zone d’intervention,
ainsi qu’à l’insuffisance de compétences méthodologiques des agents de développement en
charge de la mise en oeuvre des PPDR, et au manque d’organisation des populations locales et
de leur implication effective et responsable, ont, à leur tour, limité la portée des changements
que peut engendrer un PPDR, et son impact sur la résolution de la problématique de
développement d’un espace rural donné.