Résumé:
Dans le but d‟apporter notre contribution aux travaux initiés depuis quelques décennies dans le pays avec l‟objectif d‟aboutir à l‟obtention de cultivars performants de Medicago annuel issus des populations de luzernes spontanées d‟Algérie, nous avons étudiés quelques points d‟une vingtaine de populations (Pop) de luzernes des espèces :M.ciliaris (Pop. : S5 ; S15 ; C2 ; S7 ; S3 ; C11 ; C204 ; C58) ;M.intertexta (Pop : I253 ; I756 ; I755 ; I107 ; I11 ; I58 ; I31 ; I52) ;M.truncatula (Pop. : Tr238 ; Tr334 ; Tr27 ; Tr407 ; Tr 201 ) ; M.polymorphae (Pop. : Poly205 ; Poly236 ; Poly 221 ; Poly 27 ; Poly 218) et accessoirement de M.granadensis, et M.sativa. Toutes les cultures sont conduites en pluviales. Les paramètres biométriques ont été mesurés au stade début floraison et des analyses chimiques : matières azotées (MAT), parois, matières minérales ont été réalisées lorsqu‟elles s‟avéraient nécessaires.
Les points étudiés, en ciblant des critères précis, sont de trois ordres :
1. Leurs caractéristiques phénologiques vues d‟une part sous l‟angle du développement végétatif : -- Nombre de plants/m² (NP/m²) - % de viabilité (%V) – Nombre de tiges/m² (NT//m²) – Hauteur (cm) des tiges (HT) – Production (/m²)de matière sèche (MS) – Rapport feuilles sur tiges (F/T) et d‟autre part sous l‟angle de la production de semences : --Poids (g) de 50 gousses (P50G) – Poids (g) de semences de 50 gousses (PS50G) – Rendement (g/m²)en gousses (RdG) – Rendement (g/m²)en semences (RdS)
2. Leur faculté germinative (G):--Après un stockage (STK) de 11 ans – Après un traitement de scarification par différentes méthodes : Trempage dans de l‟eau bouillante pendant 4 mn (H2Ob) ; Etuve à 200°C pendant 20 mn (ET200°) ; passage au congélateur pendant 60 mm (CG 60) ; trempage dans l‟acide sulfurique concentré en une cinétique de 3 temps (H2SO4 : 180, 60 et 5 mn) ; trempage dans de l‟azote liquide en une cinétique de 4 temps (AL : 37, 25, 15 et 5 mn) ; abrasion des téguments avec du papier sable (AT).
3. Recherche d‟un index d‟évaluation rapide de la digestibilité des luzernes (IDg) par des coupes histologiques qui sera soumis à validation par la méthode internationale de digestibilité in vitro (Div) de Tilley et Terry.
Il ressort que :
1. Le NP/m² (17) est faible il en découle un %V également faible (22%). Ce résultat s‟explique en grande partie par la dormance des graines. Il n‟y a pas de corrélation entre NP/m² et HT ni avec F/T. Par contre NP explique le NT et la quantité de MS produite tout comme la HT. Cette dernière est négativement corrélée avec F/T : plus HT est élevée plus le % de tiges l‟est, ce qui fait diminuer F/T, indicateur de digestibilité bien connu. Outre F/T, les variables les plus importantes sont : quantité de MS, de MAT et de S produites à l‟hectare. Pour une récolte de MS qui a été de 2.8 tonnes à l‟hectare (T/ha) en moyenne, Mtruncatula : 1.8 T/ha, M ciliaris : 2.2et M intertexta : 4.3. Chez cette dernière espèce sur 7 populations, 5 présentent des MS comprises entre 4 et 6 T/ha dont les plus élevées : I31 ; I52 et I253. Les plus faibles résultats enregistrés parmi les M truncatula : 0.6 tonne pour Tr 238. Pour les MAT, le même classement des espèces est observé que pour la MS :M truncatula, M ciliaris et M intertexta avec des rendements respectifs de 0.35 ; 0.52 et 0.98 T/ha. Cependant, la teneur en MAT de la MS est plus élevée pour M ciliaris (27%) que pour M intertexta (23%).
Le RdS (g/m²)étant fortement expliqué par le NT (96%), le PS50G (81%), par HT (69%) et par la MS (64%), qui elle-même est très corrélée avec NT et HT, c‟est donc M intertexta qui bénéficie de toutes ces combinaisons avec un RdS ramené à l‟ha de 3.4tonnes (les pop. I253 ; I107 et I756 étant particulièrement performantes : 6.2 ; 4.9 et 4.1 tonnes/ha) suivi de M ciliaris puis de M truncatula.
Pour une récolte ramenée à l‟année et par ha de MS, de MAT et de semences, nos luzernes ont donné des résultats globalement comparables aux meilleurs résultats internationaux et même supérieurs pour la production de semences.
2. La dormance (D) est élevée : 90% des graines de l‟année ne germent pas (il s‟agit là d‟un caractère spécifique des luzernes annuelles). Un stockage de longue durée, ne modifie pas le % de germination, et ne la détériore pas : le STK n‟a donc pas d‟effet sur la G. Parmi les méthodes de scarification que nous avons utilisés pour lever cette dormance l‟PA est de loin la meilleure avec en moyenne 82% de G (la D est donc tégumentaire) suivi de H2SO4 60 mn (66%) et de AL 25mn (56%). Aucune des espèces n‟a supporté : ET200° C à 20mn avec 0% de G pour Mciliaris, à peine mieux pour M truncatula et M intertexta. Chaque espèce a un comportement qui lui est propre face à un traitement. Ainsi, H2Ob fait germer M intertexta à 70% contre 30 et 7% pour M ciliaris et pourM truncatula. Même observation pour les populations ainsi pour M ciliaris : 100% de G pour C204 et 31% pour C58.
3. L‟IDg mesuré à la base de la tige, est inspiré du rapport F/T mais s‟adresse directement à un composé de la plante : la lignine. Il répond au rapport, tissus non lignifiés sur tissus lignifiés (TNL/TL). Il s‟établit respectivement à 12.5 ; 7.0 ; 1.8 ; 1.8 et 1.1 pour les espèces M.ciliaris ; M.muricoleptis ; M.intertexta ; M .truncatula et pour M.sativa (Luzerne pérenne pour cette dernière). Il n‟est corrélé, ni avec rapport F/T ni avec la Div sensée le valider ; des travaux complémentaires sont nécessaires.
Notre conclusion nous amène à faire ressortir les groupes de populations sur lesquelles pourraient se poursuivre le travail. Pour la digestibilité et la composition chimique : C2 ; C58 ; C5 ; Tr238 ; Tr334 ; I11 ; I58. Pour la production de semence : I11 ; I756 ; I107 ; I253 ; I31 ; I52 et Poly205.