Résumé:
Le problème du choix entre l’amélioration et la modernisation de la pratique traditionnelle en
irrigation gravitaire et le passage à la micro irrigation ou l’aspersion est sujet à débat. Dans le
présent travail, nous avons essayé de situer cette pratique traditionnelle (micros-raies de 5 à 10
m et micros-planches de 12 à 30 m²) et son devenir en Algérie, dans un monde agricole en
pleine mutation. Nous avons décrit le contexte actuel de l’agriculture en général et celle irriguée
en particulier à travers les facteurs climatiques, géographiques, sociaux, économiques, politiques
et démographiques. L’agriculture irriguée évolue dans un ensemble de contraintes dues à l’aléa
climatique, une demande en eau croissante de la ville et de l’industrie, une population agricole
âgée, avec un faible niveau de formation, des exploitations de petites tailles (moins de 10 ha, pour
plus de 60% d’entres elles). Ces contraintes freinent le développement des superficies irriguées et
l’amélioration des modes d’irrigation. La pratique dominante (gravitaire traditionnel) a été analysée
dans quelques exploitations de la plaine de la Mitidja. Elle mobilise une main d’oeuvre importante,
consacre 10 à 15% de la superficie cultivée au réseau de distribution de l’eau au niveau de la
parcelle, a une efficience hydraulique moyenne (60%), est à l’origine d’une répartition hétérogène
de l’eau à l’échelle de la parcelle entre ses parties amont et aval.
Dans l’objectif d’une amélioration de la pratique, puis sa modernisation ensuite, nous avons
proposé le passage à des raies de 25 m de long, pouvant ramener le taux d’occupation du sol par
le réseau de distribution de l’eau de 15% à 2%, diminuer le temps d’irrigation et la main d’oeuvre
nécessaire. L’utilisation du modèle numérique Hydrus-2D (Simunek et al., 1996) nous a permis
aussi de situer l’importance des pertes par percolation dans les seguias de distribution à l’échelle
de la parcelle.
L’utilisation de modèles simplifiés comme Simraie (Mailhol, 2003) nous a permis dans un
objectif de modernisation, sur des parcelles devant être planées au préalable, de proposer des
longueurs de raies de 180 m adaptées au contexte pédo climatique local, alimentées en eau par
des siphons en PVC et assurant une efficience d’application de 84%, des pertes par percolation de
10%, et utilisant une main d’oeuvre réduite, par rapport au mode traditionnel.