Résumé:
Le maintien d’une production durable de blé dur (BD) en pluvial, dans un climat changeant est un défit
majore pour la sécurité alimentaire en Algérie. Cependant, les études évaluant l’impact de changement
climatique (CC) futur sur la production de cette culture stratégique en Algérie, sont très rares. Ainsi,
cette étude a l’objectif de combler le manque en ce type d’études, et plus précisément dans la région
des hautes plaines orientales semi-arides de Sétif et Bordj Bou Arreridj (BBA), connues comme une
zone potentielle de la céréaliculture pluviale. Pour arriver à cet objectif, des projections climatiques de
la base de données EURO-CORDEX, pour les deux horizons futurs : proche (2035-2064) et lointain
(2065-2094), sous deux scenarios RCP (Representative Concentration Pathway) RCP 4.5 et RCP 8.5,
ont été réduites avec le modèle climatique ICHEC_KNMI et injectées par la suite dans le modèle de
culture AquaCrop, pour simuler les rendements d’un cultivar de BD appellé «Mexicali», durant ces
deux périodes futures, sous ces deux scenarios RCP. Ces données climatiques futures simulées sont
préalablement corrigées de leurs biais avec la méthode des deltas. La précision de modèle AquaCrop
dans la simulation des rendements de ce cultivar de BD, observés durant trois années successives, dans
un site expérimental à Sétif, est évaluée avec les trois indices statistiques RMSE, NRMSE et l’indice
(d) de Willmott, dans l'ensemble les valeurs de ces derniers se situent dans la fourchette acceptable
pour prédire le rendement (RMSE = 0,41 t/ha, NRMSE = 8,81% et d = 0,80). En comparaison aux
rendements moyens de BD, simulés par AquaCrop pour la période référence (PR) (1981-2010),
estimés à 34.7 et 23.3 qx/ha à Sétif et BBA respectivement, des gains de rendements, correspondant à
(+ 82 et + 16), (+ 94.7 et + 7.8), (+ 76.7 et + 133) et (+188 et + 135) % sont projetés sous les
scénarios futurs RCP 4.5 (2035-2064), RCP 4.5 (2065-2094), RCP 8.5 (2035-2064) et RCP 8.5 (2065-
2094), sur les deux sites expérimentaux de Sétif et BBA respectivement. L'amélioration des
rendements futurs de BD pourrait être induite par l'effet fertilisant de la hausse des concentrations en
dioxyde de carbone (CO2) [CO2] dans l'atmosphère. Cet effet compense les effets négatifs sur les
rendements de BD, de la hausse des températures, de la diminution des précipitations et du
rayonnement solaire net incident, projetés durant le cycle de croissance de blé, sous ces scénarios
futurs. Cependant, cet effet fertilisant de l’enrichissement de l'atmosphère en CO2 sur le rendement de
blé pourrait être inhibé par une baisse des températures et par l’effet combiné d’un stresse hydrique et
thermique très sévères, prévus au cours de la période déroulement de cycle de BD, dans les scénarios
de CC futur étudiés, dans les deux sites. Sous les deux scénarios RCP, le modèle AquaCrop a prédit
aussi, une augmentation de la productivité de l'eau de BD, induite par la diminution attendue des
pertes de l’eau par évapotranspiration, due à la stimulation de la photosynthèse, ce qui implique, que
ces deux mécanismes physiologiques sont stimulés par l’enrichissement de l’atmosphère en CO2. La
hausse projetée des températures, durant la saison de déroulement de cycle de croissance de blé,
devrait raccourcir sa durée. Sous les conditions climatiques futures des deux scénarios RCP, des semis
précoces à la mi-octobre, s’avèrent plus adaptés que des semis tardifs au mois de Novembre et
Décembre, car ils permettent à la culture de blé de bénéficier de l’augmentation des précipitations
pendant sa phase de développement végétatif et d’éviter les températures très élevées de fin de
printemps qui coïncident avec le stade de remplissage des grains. Des variétés à cycle court peuvent
être aussi efficaces pour s’adapter à la hausse des températures prévue sous les deux scénarios RCP.