Résumé:
La rayure réticulée de l’orge est l’une des maladies foliaires les plus communes en Algérie. Elle est causée par le champignon Pyrenophora teres qui peut se présenter en deux formes pathogènes ; Pyrenophora teres f. teres et P. teres f. maculata. Une prospection des différentes zones céréalières du pays réalisée sur les cultures d’orge durant deux campagnes agricoles, a permis d’obtenir 212 isolats provenant de 42 localités dans les 17 Wilayas prospectées. Une identification moléculaire réalisée sur l’ensemble des isolats a permis d’établir l’importance des deux formes Ptt et Ptm, ainsi que leur répartition géographique en Algérie. Les résultats ont indiqué que Ptt était la forme la plus dominante. La comparaison entre ces résultats et ceux de l’évaluation symptomatologique, a permis de conclure que cette dernière était moins précise et moins concluante. La caractérisation culturale de 50 isolats (38 Ptt et 12 Ptm) représentatifs de la collection en considérant plusieurs traits culturaux, a montré l’existence de quatre couleurs distinctes de colonies, et de trois morphotypes, se distinguant par la texture et l’aspect de leur mycélium. Nos observations nous ont permis de constater que les caractères culturaux examinés, n’étaient pas associés à l’origine géographique des isolats et qu’ils ne permettaient pas de différencier entre les deux formes Ptt et Ptm. L’agressivité de ces isolats, a été évaluée par l’étude in-vitro, de trois traits importants ; à savoir le taux de sporulation, la sévérité de la maladie, ainsi que le taux de la croissance mycélienne. Les résultats obtenus ont mis en évidence l’existence d’une différence très hautement significative entre les isolats étudiés pour le taux de sporulation, et celui de la croissance mycélienne. La sévérité de la maladie notée suite à l’inoculation de 45 isolats (34 Ptt et 11 Ptm) à la variété Saida, nous a permis de constater une prédominance des isolats notés très agressifs. La sensibilité de la population algérienne de P. teres aux trois groupes de fongicides : les Inhibiteurs Externes de la Quinone (QoIs), les Inhibiteurs de la Succinate Déshydrogénase (ISDHs) et les Inhibiteurs de la Déméthylation (IDMs), a aussi été évaluée par : l’analyse des gènes cibles pour 212 isolats par pyroséquençage (dans le cas des QoI et ISDH), les tests de sensibilité in vitro en utilisant des tests de microtitration pour six fongicides (azoxystrobine, pyraclostrobine, fluxapyroxad, époxiconazole, tébuconazole et propiconazole) et par les tests de sensibilité in planta sous serre pour trois fongicides (azoxystrobine, fluxapyroxad, époxiconazole). Les résultats ont montré, l’absence de toutes les mutations (testées) liée aux résistances aux QoIs ou aux ISDHs. De même, ils ont révélé que le pyraclostrobine et l'azoxystrobine, du groupe des QoIs, possédaient les meilleures efficacités in vitro, alors qu’in planta le fluxapyroxad avait la meilleure performance. La comparaison entre les valeurs des CE50 de chacune des formes (Ptt et Ptm), a pu mettre en évidence des différences significatives entre leurs sensibilités dans le cas des traitements au fluxapyroxad, à l’époxiconazole et au tébuconazole.