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La gestion du cycle de vie d’un produit sert à équiper les décideurs d’un outil pour rendre les entreprises plus
responsables et également pour offrir aux consommateurs des produits acceptables d’un point vue
environnemental, économique et social.
Dans notre travail on s’intéressera à la filière tomate industrielle, qui mérite une attention particulière de la part
des chercheurs en économie agricole et alimentaire pour au moins trois raisons. La première est que le concentré
de tomate est un composant essentiel dans la cuisine algérienne en particulier, maghrébine et méditerranéenne de
façon plus large. La deuxième est que cette filière est l’une des principales dans le domaine agroalimentaire, car
les unités de transformation de tomate en Algérie dominent l’activité de transformation de fruits et légumes, en
offrant des opportunités de travail à une population nombreuse, particulièrement dans l’Est du pays, où un grand
nombre d’emplois directs et indirects est mis à la disposition de cette population. La troisième est qu’elle a
connu des difficultés importantes vers la fin des années 1990, difficultés qui l'ont fortement mise à mal à cause
de la fermeture d’une dizaine d’unités de production. Pour toutes ces raisons, il apparaît opportun d’étudier ses
performances économiques et sociales par une étude de cas dans la wilaya de Guelma, une région au Nord-Est
de l’Algérie où se concentre 90 % de la production de tomate industrielle du pays. Les enquêtes ont touché trois
unités de transformation présentes dans cette région et un échantillon de 150 agriculteurs producteurs de tomate
industrielle, liés par contrat à la plus grande usine de transformation du pays (CAB1).
L’analyse des résultats a montré que malgré les conditions de travail difficiles au niveau des exploitations
agricoles, les performances sociales identifiées au niveau de la filière tomate industrielle semblent être beaucoup
plus positives que négatives pour ceux qui dépendent de la principale entreprise algérienne dans le secteur. La
filière permet d’autre part, dans son ensemble, la participation des femmes et des enfants à la production du
double concentré de tomates tout en respectant certaines normes internationales du travail. Cependant, si les
enfants sont employés en dehors des périodes scolaires, leur âge n’est pas toujours conforme à la législation
puisque 40% d’entre eux ont moins de 14 ans. Aucune forme de discrimination n’a été observée ni au niveau des
conserveries, ni au niveau des exploitations agricoles ; les femmes perçoivent le même salaire que les hommes et
occupent le même poste à compétences égales. Les conditions de travail sont nettement en faveur des travailleurs
de la conserverie et de la pépinière. Ce sont ces deux derniers segments du système qui bénéficient par ailleurs
de la plus grande part de la valeur du produit.
Au niveau des exploitations agricoles, la pénibilité du travail, la précarité du poste, l’absence de toute protection
sociale et l’impossibilité de se constituer en syndicat, le fort emploi des enfants, engendrent une faible
performance sociale, malgré l’apparentenon discrimination dans les salaires. Un engagement en matière de
responsabilité sociale supposerait que davantage d’attention soit portée au segment de l’agriculture afin
d’améliorer les conditions de travail et le bien-être des ménages dépendants du groupe social travaillant dans
l'agriculture.
L’analyse des résultats en termes de performances économiques fait ressortir que l’activité de la tomate
industrielle génère des gains importants pour l’agriculteur et la conserverie .La valeur ajoutée réalisée au niveau
de la conserverie est de 50% supérieure à celle de l’agriculteur, mais la subvention de l’Etat change la donne.
L’agriculteur obtient en moyenne un gain de 10DA2 (dans des meilleures conditions de marché) sur chaque
kilogramme de double concentré produit, dont 50% sous forme de subvention. Les risques encourus par
l’agriculteur (risque climatique, maladies, fermeture de conserverie….) sont des facteurs exogènes qui sont
1Conserverie Amor ben Amor
2La subvention accordée aux agriculteurs est de 4Da pour chaque kilogramme de tomate
fraiche produit (soit 20Da pour un kilogramme de double concentré de tomate)
déterminants dans la rentabilité de l’activité, donc de la marge perçue par l’agriculteur. La marge réalisée par les
conserveries est exempte de tout risque climatique et des aléas de la production locale, l'industriel ayant toujours
la possibilité d’importation du triple concentré de tomate pour en faire du double concentré.
L'examen des revenus moyens par exploitation et la comparaison avec le salaire national minimum garanti
(SNMG) permettent de dire que les exploitants de deux hectares et moins ont des revenus compris entre 3 fois et
9 fois le SNMG alors que les exploitants de plus de 5 ha ont un revenu allant de 8 à 75 fois le SNMG, qu'ils
soient locataires ou propriétaires des terres exploitées.
L’estimation de la fonction production Cobb-Douglas pour la filière tomate industrielle donne des résultats
pertinents. Une augmentation de la main d'oeuvre dans le secteur de 1% entraîne une amélioration de la
production de 0,73%, alors qu’une augmentation du stock en capital de 1% ajoute 0,27 % à la production.
L’analyse des coûts par une régression multiple a montré que le coût de la récolte représente 45% du coût d’un
kilogramme de tomate suivi par le coût du travail du sol, le coût d’achat des plants, le coût de la location de la
terre et le coût de transport avec, 16%, 6,5% et 1,2% respectivement. |
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