Résumé:
Les adventices des cultures peuvent provenir d'habitats adjacents et se dispersent naturellement à partir
d'habitats non cultivés ainsi qu’envahir d'autres champs cultivés par des machines ou en tant que
contaminants des semences cultivées. Cette dispersion constante peut homogénéiser les populations et
transmettre des gènes de résistance. Dans cette étude, nous avons examiné (a) la variation génétique
des caractères quantitatifs et (b) le niveau de résistance à deux herbicides largement utilisés,
amidosulfuron + iodosulfuron-méthyl-sodium et florasulam + 2,4-D, dans huit paires de populations
de Sinapis arvensis L. de l’habitat champ de blé et un site adjacent non cultivé dans huit régions du
Nord d'Algérie. Notre approche génétique quantitative sur les données phénotypiques et
phénologiques de l’espèce sous les conditions contrôlées a montré des niveaux similaires de variation
génétique au sein de la population et aucune différenciation génétique dans les traits quantitatifs entre
les deux types d'habitat. Cela indique un échange important de graines et/ou de pollen de S. arvensis
entre les deux types d'habitats, mais pas entre les champs du blé à l'échelle régionale, car nous avons
trouvé un fort effet régional pour la plupart des traits des plantes étudiées pour les deux types
d'habitats qui étaient corrélés avec des gradients longitudinaux de température et de précipitation.
Nous avons également trouvé une absence de résistance contre les deux herbicides à un niveau de
détection de 10 %. Florasulam + 2,4-D a montré un niveau et une vitesse de phytotoxicité plus élevés
que l'amidosulfuron + iodosulfuron-méthyl-sodium. D’après ce constat, nous proposons des mesures
pour une gestion plus efficace de S. arvensis, y compris la minimisation de la dispersion des graines
pendant le transport des balles de paille, la rotation des cultures pour éviter l'accumulation de
résistance aux herbicides, la gestion des populations à proximité immédiate des champs cultivés et la
recherche des herbicides naturelles pour une lutte éco-résponsable. Les herbicides sont considérés
comme les produits agrochimiques les plus importants pour augmenter l'approvisionnement
alimentaire comme les adventices sont responsables de la réduction majeure de la production agricole.
Malheureusement, les herbicides ne sont pas que de simples agents anti-adventices. La présente étude
visait à évaluer l'effet herbicide des huiles essentielles (HEs) de trois espèces, à savoir Thymus
fontanesii Boiss. et Reut., Satureja calamintha subsp. nepeta Briq. et Eucalyptus citriodora Hook. sur
certaines des adventices les plus nuisibles en Algérie (Sinapis arvensis L., Avena fatua L., Sonchus
oleraceus L., Xanthium strumarium L., Cyperus rotundus L., Orobanche crenata Forsk. et Cuscuta
campestris Yuncker). L’évaluation de l’activité herbicide des HEs a été estimée par des bio-essais in
vitro, in vivo et in situ en présence de culture de blé dur. Les HEs isolées par hydrodistillation ont été
analysées par chromatographie en phase gazeuse-détecteur à ionisation de flamme (GC-FID) et GCspectrométrie
de masse (MS). Le carvacrol (52,1 %), le thymol (13,3 %), le p-cymène (12,2 %) et le γ-
terpinène (8,1 %) étaient les composés dominants dans l’HE de T. fontanesii, 1,8-cinéole (28,4 %),
pulégone (10,2 %), la menthone (9,7 %) et l'isomenthone (9,6 %) dans l'HE de S. calamintha tandis
que le citronellal (64,7 %) et le citronellol (10,9 %) dans l’HE d’E. citriodora. La germination et la
longueur des racines et des plantules des adventices ont été fortement affectés par toutes les
concentrations utilisées (0.01, 0.02 et 0.03%). Tandis que, les concentrations (0.03%) plus fortes ont
été nécessaires pour une activité herbicide totalement efficace sur les plantes parasites. Les plantules
au stade 3-4 feuilles traitées par les différentes solutions huileuses ont montré des symptômes visibles
de phytotoxicité après 6 jours de traitement. Le fonctionnement de l’appareil photosynthétique et
l’intégrité de la membrane plasmique ont été fortement touché par les différentes concentrations des 3
HEs. Néanmoins, le blé dur a montré une forte résistance vis-à-vis les traitements utilisés. En plein
champs, seules les concentrations les plus fortes de chaque HE montrent des effets proches de
traitement chimique (herbicide anti-dicotylédones+ anti-monocotylédones) sur la densité
(recouvrement) et la richesse des adventices dans la culture et sur le rendement et le poids de mille
graines de blé dur. Sur la base de ces résultats, on peut conclure que les trois HEs possèdent une
activité herbicide à l’égard des espèces de différentes familles botaniques et peuvent être utilisées
comme herbicide naturel. Cependant, il serait intéressant, d’élargir le spectre des recherches et
d’évaluation du potentiel herbicide des trois espèces aromatiques ce qui ouvre la voie pour d’autres
études expérimentales sur ces HEs et sur leurs composants, leurs formulations en tant que herbicide et
leurs applications en plein champs en présence des cultures.