Résumé:
Les effets du changement climatique accentuent les contraintes agro-climatiques naturelles et
pèsent sur le développement de l’agriculture algérienne. La pratique de la céréaliculture est
souvent pluviale en extensif, sur des sols pauvres. Malheureusement les leviers (irrigation de
complément et apports d’engrais azotés) proposés pour l’accroissement des rendements des
céréales ont un coût élevé avec des impacts environnementaux certains qui pénalisent ainsi leur
efficience agro-économique. Dans ce contexte, et grâce aux principes écologiques et aux services
écosystémiques qui en résultent, l’introduction d’une légumineuse dans un système d’association
avec les céréales pourrait améliorer la durabilité des agro- écosystèmes.
Notre étude a pour but d’évaluer et d’estimer les performances des cultures associées en matière
d'utilisation et de stockage des ressources (en particulier les éléments C et N). Une approche
combinant l'analyse de données expérimentales (via les indices de compétitivité agro écologiques)
et la modélisation quantitative (modèles MOMOS et STICS) des indicateurs agro-écologiques
a été appliquée pour relier les cycles C, P et N.
Nous avons effectué la première estimation des taux d'échange de C et N entre les plantes, le
sol, la biomasse microbienne et les symbiotes nodulaire. Nous avons également amélioré les
paramètres du modèle MOMOS par les mesures des variables d'état (plante, sol et météo) et
validé les modèles calibrés actuels (MOMOS-C et MOMOS-N) à l'échelle de la parcelle, de
l'exploitation, et du territoire, pour les espèces associées (Haricot-Maïs).
Dans le système de culture intercalaire, nous avons constaté que tous les échanges quotidiens
de C et N entre les organes végétaux et les micro-organismes varient fortement entre les stades
phrénologiques, une partie considérable du N fixé est préférentiellement stockée dans les nodules
de la légumineuse intercalée, favorisant le fonctionnement microbien. Nous avons confirmé
la robustesse de cette version paramétrée MOMOS pour évaluer et analyser les mécanismes
régulant les échanges globaux de C et N entre les symbiotes végétaux, le sol, la biomasse
microbienne et l'atmosphère.
Sur une association de cultures hivernale « blé dur-pois chiche » la première évaluation avec
des indices de compétitivité a mis l’évidence sur deux conditions qui rendent la culture intercalaire
avantageuse :(I) un apport d'azote suffisamment élevé pour maximiser la fixation symbiotique
de N2 et contribuer à la nutrition de la culture céréalière (II) la légumineuse doit être
la composante dominante de l’association. La compétition interspécifique entre le pois chiche
et le blé dur a été directement affectée par les changements de conditions climatiques de fertilisation
N, le blé intercalaire était plus compétitif que la légumineuse dans des conditions de
faible pluviométrie et d'application d'azote.
La calibration et la validation du modèle STICS pour la culture du pois chiche en conditions
pluviales ont été réalisées, en se basant sur une méthode d'optimisation (algorithme simplex).
Une grande précision de la calibration a été confirmée statistiquement pour la plupart des variables
d'intérêt. Le modèle a été capable de reproduire la dynamique temporelle des variables
étudiées dans des situations contrastées (systèmes de culture, saisons de croissance et taux d'application
de N). Enfin, cette étude de calibration permet au modèle STICS de bien simuler des
pratiques culturales innovantes basées sur la diversification des cultures (légumineuses à grains
et céréales) et la gestion de la fertilisation azotée.