Résumé:
L’objet de notre thèse est d’évaluer la dépendance de la filière blé en Algérie à court et à long terme. La
problématique de la dépendance, dont souffrent l’Algérie et les tensions politiques internationales qui
peuvent affecter l’offre et l’approvisionnement, obligent le pays à détourner ses ressources en devises vers la
satisfaction des besoins de la population en blé et ses dérivés. Le fait que l’Algérie soit, historiquement et
actuellement un importateur net de blé justifie le choix de blé comme objet de notre analyse. La vulnérabilité
du pays en matière d’approvisionnement pour satisfaire la demande en blé rend la sécurité alimentaire de
plus en plus fragile. À ce titre, toutes les politiques céréalières menées par le gouvernement depuis
l’indépendance nationale à la faveur de la filière blé n’ont pas atteint ses objectifs en matière de production
et de rendement. Cela remet en cause, l’efficacité et l’efficience des politiques publiques agricoles adoptées
par l’État. Le modèle économétrique proposé dans cette thèse conduit à la construction des fonctions d’offre
s’inspirant des modèles de Nerlove. La réponse de l’offre agricole constitue un thème central des recherches
en économie agricole. Les études à ce propos sont quasi-absentes en Algérie, d’où l’originalité de ce travail.
À travers cette thèse, il s’est avéré qu’à travers l’analyse des principales variables macroéconomiques
(quantitatives et qualitatives) de la filière blé, on pourra conclure les principales causes de la situation de la
dépendance de la filière blé vis-à-vis des marchés externes. Nous pouvons restituer les apports de notre thèse
dans les points suivants : 1) Malgré les politiques céréalières mises en œuvre par l’Algérie, notamment depuis
2000, les objectifs que les plus hautes autorités de l’État se sont assignés pour améliorer la production de blé
n’ont pas atteints. 2) L’analyse économétrique, via l’application de deux modèles de cointégration générés à
partir du modèle Nerlovien, a permis de mesurer la dépendance de la filière blé, en Algérie à court et à long
terme. Les principaux résultats soulevés sont : i) un dysfonctionnement à court et à long terme du marché
interne de blé dur et de blé tendre. À l’avenir non lointain, les activités de production de blé vont être
abandonnées par les céréaliculteurs ; ii) À l’horizon 2040, une augmentation accrue en quantité (+186%) et
en valeur (+227%) de la facture d’importation des blés. iii) La superficie cultivée de blé dur va stagner, tandis
que, la superficie de blé tendre va encore régresser de façon drastique. Elle va s’annuler complètement en
2040. iv) Une surfacturation d’achat du blé peut exister surtout durant la période de 2000 à 2021 par rapport
la période précédente (1965/1999). v) Les hausses du prix international de blé se transmettent plus rapidement
aux prix domestiques que les baisses. vi) La transmission des prix entre le niveau du prix interne et celui
international du blé est asymétrique. Cela, il pourrait s’expliquer par la défaillance de marché de blé en
Algérie ainsi que les coûts de surestaries et le mode d’achat à terme avec une origine optionnelle appliqué
durant les dernières années. L’impératif de la sécurité alimentaire du pays ainsi que la réduction de notre
dépendance vis-à-vis de l’extérieur exigent de réexaminer les dispositifs actuels et les efforts entrepris par
les autorités publiques en matière de régulation, d’organisation et de coordination de la production et de la
collecte des blés.