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Alors que l’évaluation des effets des programmes publics est une pratique solidement ancrée depuis
plusieurs décennies dans les économies des pays développés, force est de constater qu’en Algérie, la
prise de conscience de son importance par les pouvoirs publics tarde encore à émerger. Les
investigations menées à ce sujet ont conduit à constater le peu de démarches évaluatives en ex-post
réalisées dans les programmes agricoles, à l’instar d’autres secteurs publics.
En dépit des programmes successifs de mise en valeur conçue au profit des zones rurales, la
compréhension des causes du délaissement des terres agricoles et du niveau insuffisant de
développement de ces zones demeure vaine en raison de l’insuffisance d’études et d’analyses en
termes d’impacts sur les agriculteurs. Ces constatations soulèvent dès lors l’importance de l’ancrage
des bonnes pratiques de l’évaluation de ces programmes dans le but autant d’apprécier les effets de ces
programmes que d’améliorer la prise de décision.
Les investigations effectuées révèlent le peu de travaux de recherche s’appuyant sur une méthodologie
rigoureuse à même de permettre l’obtention de résultats utilisables. Ce travail de recherche, soucieux
de combler cette lacune, traite de la nécessité de réaliser des évaluations ex-post proprement dites
soutenues par une démarche et des techniques appropriées. Appuyée par l’approche basée sur les
méthodes mixtes, l’enquête de terrain, menée en 2015 sur une période de six mois, a permis de cibler
trois zones agroécologiques retenues sur la base d’un échantillonnage aléatoire afin de permettre une
exploration des résultats dans un contexte large et diversifié.
La population de notre étude est constituée de 224 périmètres dont 75 sont localisés en montagne, 98
en steppe et 51 au Sahara. Par ailleurs, la nécessité d’alimenter notre recherche en données fiables,
nous a conduit à cibler des institutions bénéficiant d’une assise solide ( la GCA, le BNEDER, les DSA
et l’ONTA). D’autre part, le recours à des méthodes statistiques descriptives et économétriques ainsi
qu’à des simulations s’inscrit dans une visée d’interprétation des données quantitatives.
Les résultats obtenus ont permis de mettre en lumière une faible pertinence des décisions liées à la
stratégie de développement rural concernant la non-attribution des périmètres réalisés, d’une part et
des conflits de propriété du foncier affectant ces espaces (terres attribuées à d’autres programmes),
d’autre part. La lenteur constatée dans la mise en oeuvre du programme de transfert de propriété
explique une déprise agricole aux répercussions environnementales visibles et préjudiciables.
Un autre résultat met en exergue un niveau relativement peu élevé de l’écart mesuré à partir de la
comparaison de l’effet de mise en valeur observé sur la création de l’emploi : le non achèvement de
certains projets dans trois wilayas, (Mila, Tissemsilt et Illizi).
Il en résulte un pourcentage d’efficacité moyen (Δ d’emploi) de 22% comparativement aux prévisions.
De même, l’analyse de l’efficience montre que seuls 9 périmètres (3 en montagne, 4 en steppe et 2 au
Sahara) ont atteint la frontière d’efficience, leur taille optimale moyenne étant estimée à 135 ha en
montagne, à près de 250 ha en steppe et à plus de 487 ha au Sahara.
Le coût unitaire moyen de réalisation de ces périmètres efficients s’établit par ailleurs à 149.102 DA
en montagne, à 539.376 DA en steppe et à 468.159 DA au Sahara. Un raisonnement symétrique
permet de conclure à l’inefficience qui affecte sérieusement les périmètres restants. A ce titre, les
résultats (VRS, CRS) sont révélateurs de la faiblesse des scores obtenus par les trois zones
agroécologiques étudiées.
L’efficience d’échelle (DRS) révèle entre autres un gaspillage énorme de l’investissement (80% en
steppe, 73% en montagne et 45% au Sahara). D’autres résultats contribuant à la prise de décision des
projets futurs révèlent l’incidence négative de l’analyse de la criticité des causes de mise en valeur en
ex-post tant sur le délai de réalisation (indice de criticité 0,25) que sur le dépassement de coût (indice
de criticité de 0,21).
L’évaluation des impacts des investissements du programme révèle que les nouveaux périmètres n’ont
pas eu d’effet durable sur le maintien de l’emploi et les superficies exploitées. Toutefois, le paiement
en faveur des incendies (couvrant 14% du budget alloué à la zone montagneuse) a un effet significatif,
d’un point de vue statistique, pour le maintien de l’exploitation des concessions.
Enfin, les coûts les plus probables pour couvrir les risques de mise en valeur enregistrent des
provisions budgétaires de 2 à 4% du coût du projet correspondant à des niveaux de confiance
respectifs de 90 et 80%. |
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