Résumé:
En Algérie, l’agriculture constitue un pilier économique et social important. Elle
crée des emplois, fourni les produits alimentaires, contribue à la formation du PIB et à
l’amélioration de la sécurité alimentaire du pays devenue un enjeu de souveraineté
nationale. Cependant, les exploitations agricoles algériennes demeurent confrontées à
d’importantes difficultés de financement. Et parce que beaucoup d’exploitants agricoles
sollicitent et/ou accèdent peu au crédit bancaire, ils éprouvent d’énormes difficultés à
acquérir les intrants nécessaires pour mener les campagnes agricoles dans de bonnes
conditions et ont encore plus de difficultés à investir. Cela se traduit dans les faits par une
sous-capitalisation des exploitations agricoles qui, à son tour, se traduit par la faiblesse
des rendements qui s’éloignent de leurs niveaux potentiels, ce qui hypothèque leur
développement et leur modernisation. Les difficultés d’accès des agriculteurs au crédit
bancaire est due en grande partie à aux risques liés à l’activité agricole (climat, maladie et
marché), mais aussi à l’indisponibilité d’informations fiables sur leur situation financière
et à leur faible taux de remboursement.
Cette situation est d’autant plus problématique dans la mesure où, jusqu’à présent,
l’Etat lui-même s’avère toujours incapable d’apporter des solutions satisfaisantes et
durables. Pour relever ce défi, dans un contexte international particulier marqué par la
crise alimentaire mondiale survenue entre 2007 et 2008, l’Etat a revisité l’usage de la
bonification des taux d’intérêts bancaires en mettant en place en 2011 le crédit
d’investissement bonifié appelé Ettahadi et en créant le Fonds de Garantie Agricole
(FGA). L’objectif étant de susciter la demande de financement de la part des agriculteurs
et d’impliquer davantage la Banque de l’Agriculture et du Développement Rural (BADR)
dans le financement du plus grand nombre d’agriculteurs.
L’objectif principal de cette thèse qui porte sur l’accès des agriculteurs aux crédits
bancaires d’investissement dans la wilaya de Laghouat est d’évaluer l’effet de la
bonification et du FGA sur la demande de financement et l’accès des agriculteurs au
crédit bonifié. Pour se faire, une enquête de terrain auprès d’un échantillon représentatif
d’agriculteurs de la wilaya de Laghouat a été menée et les données de la Banque de
l’Agriculture et du Développement Rural (BADR) succursale de Laghouat ainsi que la
convention de financement établie entre le Ministère de l’agriculture et du
Développement Rural (MADR) et la BADR ont été analysées. Les principaux résultats
auxquels le travail a abouti montrent que :
- les motifs religieux (Ribaa) et les lourdeurs administratives induisant des coûts de
transaction élevés ont été déterminants et expliquent, en grande partie, le faible recours
des agriculteurs à ce type de crédit ;
- les risques liés à l’activité agricole, la faible bancarisation des agriculteurs, la
faiblesse des garanties, l’absence d’informations fiables et vérifiables concernant les
exploitations agricoles et l’absence de contrôle par le MADR sur l’activité « crédit
Résumé
agricole » de la BADR sont, quant à eux, des facteurs qui ont été à l’origine de la
limitation de l’accès des agriculteurs au crédit par la BADR.