Résumé:
Certaines abeilles ouvrières d’Apis mellifera mellifera développent leurs ovaires et deviennent
pondeuses d’oeufs en engendrant, par parthénogenèse, des mâles haploïdes. Ces ouvrières
constituent un domaine intéressant de recherches pour l’ovaire. Nous avons abordé dans cette thèse,
l’étude biométrique, ultrastructurale et de contrôle de l’ovaire chez l’abeille ouvrière en condition
d’orphelinage. Le tissu adipeux périovarien a été aussi notre sujet d’investigation ultrastructurale.
Les résultats révèlent que 20% des ouvrières acquièrent un développement de 14 à 20
ovarioles par ovaire pendant les mois de mars et avril. A l’âge adulte de 6 jours, 95% des
ouvrières sont au stade 1 du développement ovarien. Leur poids ovarien est de 0,59 ± 0,24
mg ; la longueur de l’ovariole est de 1,1 ± 0,14 mm. Les ovocytes basaux des stades 1 et 2 se
caractérisent par la présence de nombreuses plages de granules cernées par les cylindres dilatés
du réticulum endoplasmique granulaire. Ces cylindres décondensent les granules protéiques et
les globules lipidiques, générant ainsi des corps multivésiculaires. L’ovocyte basal, au troisième
stade de développement, mesure 0,29 ± 0,06 mm de long, tout âge confondu. Ce stade de la
fin prévitellogenèse se caractérise par l’apparition, dans l’ooplasme, de nombreux tubules, dont
l’extrémité dilatée constitue un lysosome. Dès le début de la deuxième semaine, la vitellogenèse
commence. Le stade 4 est défini par l’apparition, dans l’ooplasme, des granules vitellins en relation
avec les formations tubulaires. La longueur de l’ovariole, au stade 5, atteint 7,09 ± 1,02 mm ;
l’ovocyte basal du 11ème follicule est de 1,57 ± 0,22 mm de long. Ce stade 5 est distingué par la
synthèse de la membrane vitelline, la régression de la taille des granules vitellins et des noyaux
accessoires. Le sixième stade, ou maturation ovocytaire, est atteint chez 5% (1/20) des ouvrières
âgées de 18 à 20 jours. Il est défini par la présence du chorion, la dissolution des granules vitellins,
la disparition des noyaux accessoires et la dégénérescence totale des cellules folliculaires. Pendant
tout le processus du développement ovarien, la différence de la croissance ovocytaire entre les
stades successifs était conséquente. Par contre, la différence du poids ovarien n’est observée de
manière significative que pendant la 3ème semaine de la vie adulte entre les abeilles du stade 5 et
les autres. Ainsi, 5% (1/20) des abeilles ayant un poids ovarien maximal (7,5 ± 0,42 mg) seraient
les futures pondeuses. Elles inhibent le développement ovarien chez les autres ouvrières.
L’influence de la phéromone de couvain et de l’hormone juvénile 3 sur le poids ovarien et
la longueur de l’ovocyte basal chez les abeilles ouvrières orphelines a été étudiée au laboratoire.
Les résultats révèlent que le badigeonnage des alvéoles de cire avec la phéromone de couvain à
1% provoque une diminution du poids ovarien mais sans différence significative dans la longueur
de l’ovocyte basal (P>0.05). Cette phéromone assure donc le contrôle du développement ovarien.
L’application topique de l’hormone juvénile 3 à la dose de 1μg permet seulement le démarrage du
développement ovarien chez 5% des ouvrières. En présence de la phéromone de couvain à 1%, cette
hormone entraîne une grande régression du poids ovarien et de la longueur ovocytaire (P<0.0001) ;
l’inhibition ovarienne est quasi-totale. Nos observations ultrastructurales de l’adipocyte nous ont
permis de définir pour la première fois chez l’abeille Apis trois unités cohérentes du processus de
synthèse des lipides et des protéines lesquelles n’ont jamais été démontrées auparavant chez les
hyménoptères: Mitochondrie-REG ; Mitochondrie-REG-noyau ; Mitochondrie-REG-appareil de
golgi. La synthèse des lipides et des protéines s’effectue en cinq modes dont quatre sont de type
endogène. La synthèse des lipides se réalise en deux temps : le premier concerne la production des
petits globules lipidiques et le second est lié à la formation définitive du globule