Résumé:
Les phanérogames parasites de la famille des Orobanchaceae, constituent une menace pour le développement des légumineuses alimentaires en Algérie, en particulier l’Orobanche crenata, sur la culture de la féve (Vicia faba L.), en absence des méthodes de luttes pratiques et économiques.
Cette étude nous a permis de caractériser 19 lignées productives, résistantes à l’orobanche, précoces et caractérisées par une faible hauteur des plants à la floraison. Elle montre aussi une très bonne adaptation aux conditions climatiques algériennes, un groupe de 7 lignées tolérantes à l'orobanche, peu productives, précoces, présentant une hauteur des plants faible à la floraison. Elles sont intéressantes à introduire dans des programmes de lutte intégrée. Un autre groupe de 7 lignées, peu intéressantes mais peuvent être utilisées dans les programmes d'amélioration génétique, ces lignées sont demi précoces à tardives, présentant une hauteur des plants à la floraison élevée, sensibles à l’orobanche et très peu productives.
Il a été montré également que les traitements au glyphosate et à l’Imazethapyr ont permis une amélioration significative du rendement de la culture de fève en conditions d’infestation par orobanche. L’application foliaire de ces produits à la dose de 60 et 25 g de m.a;/ha, respectivement, avant l’émergence de l’orobanche, au stade attachement a permis un gain de rendement en grains de 7q/ha en moyenne.
Par ailleurs les résultats obtenus avec l’application de l’Imazaquine n’étaient pas satisfaisants à cause des effets de phytotoxicité irréversibles.
En plus du traitement chimique à base du glyphosate , l'utilisation du semis tardif et des variétés tolérantes à l'orobanche ne font qu'améliorer les rendements en grain de la fève et réduire significativement l'infestation par l' orobanche.
Dans notre cas, une réduction d'infestation de 86%, ainsi qu'une baisse du pourcentage de perte de rendement due à l'attaque de l'orobanche de 12.64% sont obtenus uniquement par un semis tardif de décembre. Par ailleurs la baisse de rendement induite par le retard dans le semis est relativement tolérable par rapport à celle due à l'effet de l'orobanche. Elle peut être minimisée si le retard de semis ne dépasse pas 10 à 14 jours par rapport à la date de semis optimale. Cette période est largement suffisante pour réduire significativement l'infestation en orobanche.
La protection contre le parasite est encore améliorée par l'utilisation de variétés tolérantes à l’orobanche. Une réduction de l'infestation de 76% et 83.3% est obtenu, respectivement par les variétés 18105 (s) et 18009 (s), alors que le taux de perte de rendement n'est que de 2.35 et 1.24 %, respectivement pour les mêmes variétés, semées en décembre. Une double application foliaire au glyphosate a permis un contrôle total de l'orobanche et ce, quelle que soit la date de semis et la variété testée. Cependant, des symptômes de phytotoxicité ont été notés. L’utilisation de ce type de produit nécessite beaucoup d'attention car la tolérance de la fève au glyphosate est relativement faible et très influencée par le stade de développement de la culture au moment du traitement ainsi que par les conditions de l'environnement.
Le traitement au glyphosate a permis une destruction totale de l'orobanche quelle que soit la variété utilisée, en induisant par conséquent des effets négatifs sur la fertilité du plant de fève due à la phytotoxicité, surtout pour la variété sensible Séville qui présente une faible sélectivité vis-à-vis du glyphosate. En faisant abstraction de l'effet de la date de semis, le traitement au glyphosate a induit une baisse de fertilité de 11% pour la variété Séville alors qu'il a contribué dans son amélioration de 3% pour la variété Sel. 88 Lat. 18105(s) qui est considérée comme une variété tolérante à l'orobanche et relativement sélective au glyphosate.
Les différents points abordés dans ce travail montrent qu’au niveau de la lutte chimique contre l'orobanche, il y a des contraintes au niveau de la technique d'application et en particulier le stade d'application. La voie génétique et la meilleure méthode de lutte contre ce fléau. Ainsi, la recherche dans ce domaine nécessite de trouver des sources de résistances stables et transférables aux variétés productives.
Enfin, la lutte contre l'orobanche par l'utilisation d'une seule technique de lutte, que ce soit culturale ou chimique reste une solution insuffisante. Seule une combinaison de différentes méthodes, élaborées dans un programme de lutte intégrée selon les situations, pourrait atténuer voire éradiquer cette plante parasite.